Biographie de Dadoue

Elane Printemps, plus connue sous le nom de Dadoue, naquit dans la commune du Môle Saint-Nicolas Soeur Elane Printemps(département du Nord-Ouest d’Haïti)  en décembre 1954. Ses parents qui étaient de fervents catholiques l’envoyèrent à l’école des Sœurs de Jean-Rabel, une petite ville de la commune limitrophe du Môle Saint-Nicolas. Généralement elle passait les vacances d’été  chez sa grand-mère qui vivaient dans un village de sa ville natale. Pendant l’été, presque tous les jours, elle réunissait tous les enfants du village pour les apprendre à lire et à écrire. De plus, elle les donnait à manger avant ou après les leçons. En se basant sur son intérêt pour l’éducation, tout le monde croyait qu’elle allait devenir enseignante. Lorsqu’elle avait 16 ans, à la surprise de tous, elle communiqua à ses parents sont désir de devenir nonne. De nature positive, ses parents accueillirent la nouvelle avec beaucoup d’enthousiasme. Toute suite après, ils initièrent les démarches pour l’entrée de la jeune Dadoue au convent. L’année suivante, comme elle l’avait tant souhaitée, Elane Printemps fit admise dans la congrégation des Petites Sœurs de l’Enfant Jésus à Port-de-Paix, la plus grande ville du département du Nord-ouest d’Haïti.

 

Soeur Dadoue et la création de la FDDPA

Pendant ses années dans la congrégation des Petites Sœurs de l’Enfant Jésus, Dadoue a eu le choix entre plusieurs professions. Contrairement à l’attente de tout le monde, elle a choisi de devenir infirmière afin de prendre soins des gens vivant dans les quartiers pauvres des villes et des milieux ruraux. Après avoir terminé ses études, satisfaite de son comportement exemplaire et de sa piété, la Sœur Supérieure décida d’emmener Sœur Dadoue à la maison mère qui se trouve à Carrefour près de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. A Carrefour, Dadoue a pu augmenter son expérience médicale et s’apprêtait à s’enfoncer dans la méditation afin trouver la voie qui l’aiderait à réaliser son rêve d’aider les pauvres et les plus faibles de la société haïtienne. C’est ainsi qu’elle était devenue fatiguée de la pratique de sa congrégation où les sœurs priaient pour les pauvres tous les jours sans pour autant s’engager à prendre des mesures concrètes pour améliorer les conditions matérielles d’existence de ces gens. Dans sa quête de cette nouvelle voie, elle a eu l’opportunité de faire de nombreuses lectures sur la vie de Saint-Dominique. Ce qui ensuite l’a amenée à faire des recherches sur les œuvres de dominicains à l’endroit des pauvres en Haiti. Après avoir rencontré le prête dominicain Frantz Grandoit, Dadoue décida de se joindre aux dominicains, en dépit de l’opposition des responsables de sa congrégation  qui l’aimait tant.

routesDadoue

L'un des sentiers que Soeur Dadoue utilisait très souvent pour aller encadrer les communautés paysannes enclavées dans les montagnes.

Dadoue se tourne vers la paysannerie

 

Au début de l’année 1980, Sœur Dadoue s’est installée dans la ville de Vérettes (située dans la plaine fertile de l’Artibonite)  à côté du Révérend Père Grandoit. Au cours des premiers mois de son arrivée à Vérettes, elle s’est vite rendue compte que les paysans qui venaient des villages situés dans les montagnes de la de la commune de Vérettes étaient abandonnés à eux-mêmes. Pour mieux s’enquérir des conditions de ces gaillards, Dadoue allait très souvent au marché public afin d’avoir des entretiens avec ceux qui venaient à la ville à pied ou sur une mule pour vendre des produits maraîchers.  En apprenant de la gravité de la situation d’existence de ces communautés montagnardes, Sœur Dadoue en parlait au Père Grandoit en vue le mettre au courant de son intention d’aller faire une évaluation personnelle sur les conditions de vie des ressortissants de ces communautés. Père Grandoit, un prêtre progressiste, promit à Dadou de lui donner tout le support dont elle aurait besoin dans sa mission en territoire inconnu.

 

Toute suite après, accompagnée de deux personnes qui avaient antérieurement visité certaines de ces communautés, Sœur Dadoue prit le sentier menant à une localité appelée Gabriel avec des sacs remplis de médicaments. Pour y arriver, avec ses deux guides, elle a du parcourir ces sentiers abruptes, tortueux et étroits à travers les mornes et les nombreux cours d’eaux pendant plus des heures. Dans ces communautés vieilles de plusieurs siècles, les gens vivaient encore à l’état nature ; personne ne savait ni lire, ni écrire ; personne n’avait un acte de naissance ou une carte d’identité. Les seuls «médecins » qui donnaient un peu de soins aux malades n’étaient que les hougans.* A cause de l’inexistence des  vrais soins médicaux, la mortalité infantile atteignait son paroxysme dans ces communautés.

 

Pour les villageois, la visite d’une nonne dans leurs communauté était surprenant. Ils ne savaient comment réagir. C’était la première fois qu’ils ont vu une personne de la société avancée, une religieuse et infirmière les visiter.

Les oeuvre de la bien-aimée Dadoue dans le milieu paysan

 

A partir de cet instant, ces communautés qui n’avaient aucun contact avec le monde extérieur allaient devenir le berceau d’un grand mouvement paysan. En 1984, après avoir établi de solides relations avec les paysans de Gabriel et des communautés avoisinantes, Sœur Dadoue créa une organisation: Fòs pou Defann Dwa Peyizan Ayisiyen (FDDPA). La création des forces pour la défense des droits des paysans haïtiens s’est vite répandue dans beaucoup de communautés rurales du département de l’Artibonite.

 

En 1990, sous le leadership de Sœur Dadoue, la FDDPA commença à s’implanter dans des communautés des communes de Cabaret et de l’Arcahaie (Département de l’ouest). L’année suivante, l’organisation s’est aussi installée dans la commune du département du nord-ouest, le lieu de naissance de Sœur Dadoue. Dans toutes les communautés où la FDDPA intervient, les paysans reçoivent les services de base qui ne leur étaient jamais disponibles auparavant: écoles primaires, écoles professionnelles, centres d’alphabétisation, centres de santé communautaires, techniques agricoles, coopératives pour les petites et moyennes entreprises. De plus, Sœur Dadoue a accueilli des centaines d’enfants orphelins dans son propre foyer pendant les 25 dernières années.

 

L’importance du travail effectué par Sœur Dadoue ne se limite pas uniquement à la création d’un mouvement pour répondre aux besoins immédiat des paysans, mais surtout par sa présence dans des communautés paysannes des montagnes de l’Artibonite et de la Chaîne-des-Matheux où elle devait s’y rendre à pied.

En Haiti, généralement, le gouvernement et les ONGs n’ont aucune présence dans les endroits montagneux ou les véhicules tout terrain ne peuvent atteindre, à cause des mauvaises conditions des sentiers à terre battue.

D’un autre côté, scolariser tous enfants vivant dans les communautés de la Chaîne-des-Matheux était l’un des rêves les plus caressés par la Sœur Dadoue. Actuellement, il y a plus d’un millier d’enfants d’âge scolaire éparpillés dans les villages Chaîne-des-Matheux qui n’ont pas encore eu l’accès même à l’éducation. Pour atteindre ces communautés, il faut avoir suffisamment d'énergie et d'endurance pour suivre à pieds des sentiers tortueux et abruptes.

 

Sœur était à Cabaret, moins de 30 kilomètres de Port-au-Prince lorsque le tremblement de terre meurtrier de 2010 a quasiment anéanti la capitale. Toute suite après cette catastrophe, avant l’arrivée de l’aide internationale, elle a réuni toutes les ressources dont elle disposait pour secourir et nourrir beaucoup des victimes du séisme. Cependant, cinq mois après, alors qu’elle revenait d’une réunion avec d’autres membres de sa congrégation, en passant au sur la route traversant Cité Soleil, un quartier populeux de Port-au-Prince, elle fut mortellement blessée. Avec sa mort subite, elle s’est séparée de plusieurs milliers de personnes qui dépendaient de son organisation et de sa générosité pour leur survie. Elle avait 55 ans.